Majorque, à travers la Tramuntana, sur le GR221!

Je vous écrit de Majorque, et même, c’est le comble dans une île aussi touristique, du fin fond d’une cellule de moine. Certes, rassurez-vous, je ne suis pas rentré dans les ordres (ça serait dommage, je suis amoureux!) et ma cellule est en fait une chambre du gîte aménagé à l’intérieur du monastère de Lluc, où je suis arrivé en fin d’après-midi après une bien belle balade sur le principal GR de l’île, qui traverse la chaîne de montagne de la Tramuntana, au nord de Majorque. Cela dit, le confort rappelle bien celui supposé d’une chambre monastique, mise à part le prix (34 €, c’est cher pour l’Espagne, mais comme tout ici) et la télévision (mais il faut payer 20 € de plus pour s’en servir!) accrochée au mur. Cela dit, le lieu, accroché à la montagne, et le monastère, sont vraiment beaux.
Comme l’est cette île que j’ai découverte cette semaine, à la faveur d’une invitation pour un testing du nouveau modèle de trail conçu par la jeune marque de running suisse ON running. J’y suis donc arrivé lundi, seul journaliste parmi une foule d’acheteurs venus de tous les grands magasins spécialisés d’Europe, pour y tester la dite chaussure dans d’excellentes conditions et passer un très bon moment. J’y reviendrai plus tard.
Mais comme l’occasion était trop belle, j’avais décidé de rester trois jours de plus, après la session de test, pour parcourir en randonnée le GR221, le chemin de grande randonnée de Majorque, qui traverse donc la principale chaîne de montagne de l’île méditerrannéenne qui a vu, entre autres, naître le fameux champion de tennis dont le patronyme commence par un N qui est aussi celui des patrons de mon hôtel d’hier soir, à Soller, la pension Nadal, vous l’aurez deviné.


Je suis donc parti hier à l’assaut de ce GR221. Il n’est pas bien long, mais j’ai assez peu de temps pour le parcourir. D’ailleurs hier, après avoir quitté mon hôtel plein d’étoiles (et beaucoup, beaucoup plus luxueux que la chambre de moine de laquelle je vous écrit) des hauteurs de Palma (réservé par On bien entendu! ;-)), je suis d’abord allé jusqu’au centre-ville à pied (une descente au demeurant agréable mais longue de 8 kms) et suis arrivé, sans le savoir, une minute après que le dernier bus de la matinée pour le départ du chemin soit parti. J’en suis quitte pour une visite du centre-ville, ce qui n’est pas si mal d’ailleurs.
Je prends donc le bus à 14h et du coup, je zappe la première étape du sentier, que j’avais en fait parcouru hier à l’occasion du testing chaussure et qui m’avait déjà permis d’admirer les belles montées bien pierreuses, le village de Valdemossa et les premières vues sur la mer.

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Je reprends donc le chemin au village suivant, Deia, tout aussi charmant et pittoresque que le premier cité. D’ailleurs, tout mon cheminement de ce premier jour le sera, charmant et pittoresque.
Je parcours en effet un jolie sentier empierré, taillé le plus souvent entre des murets de pierres sèches (qui lui donne son nom « ruta de pedra en sec »), à travers bois et champs d’oliviers. J’y rencontre quelques gros moutons (un peu effrayés par ma présence), y admire de merveilleux panoramas qui semblent baigner dans un calme parfait. L’île surpeuplée de touristes bedonnants semble loin. Je ne pensais pas que cela pourrait être si beau.


Ca grimpe et ça descend, mais la marche reste très facile et j’arrive en bonne forme à l’étape, dans la ville de Soller, toujours sous un soleil au zénith. C’était une belle journée que je conclue par un dîner devant la cathédrale de la petite ville, à l’abris des montagnes presque imposantes que je m’apprête donc à parcourir le lendemain.
Ce matin, le ciel est un peu moins bleu que la veille, le vent surtout souffle bien plus fort, et quelques nuages, sur les hauteurs, semblent même menaçants. Mais j’entame d’un bon pas ma longue étape et je peux admirer de belles vues sur Soller et les hameaux qui l’entourent, au pied des montagnes. Les premiers kilomètres sont bucoliques et faciles.
Ensuite, après le village de Biniaraix, ça se corse. Je grimpe maintenant à travers un chemin empierré, très bien aménagé, qui circule au milieu d’un impressionnant canyon. La montée est assez progressive et régulière, mais demande tout de même un effort. Les vues sont absolument splendides.

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Après ce canyon, je continue à grimper: cette fois, je suis clairement sur un sentier de montagne. Le vent se lève et la température est maintenant très fraîche: je remets une polaire et me camouffle même la tête dans la capuche! La chaleur de la côte semble loin. Mais la marche vaut le coup et le plaisir colle à mes semelles: je découvre le lac de Cuber et son environnement, des sommets découpés à plus de 1000 mètres d’altitude, ce qui sur cette île parait déjà bien haut. Au bord du lac, beaucoup de gros moutons mais aussi des randonneurs: je m’aperçois un peu plus loin qu’il y a un parking: c’est pour ça qu’ils sont nombreux ici (pas les moutons, les randonneurs!).
En continuant après le lac, je me retrouve à nouveau quasiment seul. Et là d’ailleurs le chemin se fait vraiment plus hardu: ça grimpe fort, c’est plutôt technique. Je croise tout de même queques groupes de courageux allemands qui descendent, en abordant les dernières pentes du Coll des Prats. Les rafales de vent sont assez destabilisantes, mais la vue est tout bonnement grandiose: je ne regrette donc pas d’être monté ici!

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Je trottine un peu dans les premiers lacets de la descente, à travers les éboulis, surtout pour me réchauffer! Une autre petite montée m’attends un peu plus loin, et ensuite c’est la descente finale vers le monastère de Lluc. Les premiers lacets sont toujours aussi techniques et offrent des panoramas magiques, avec des vues sur la mer à 360° ou presque. Un peu plus bas, je retrouve la forêt et un chemin mieux aménagé, même si il reste des plus caillouteux. A l’abris du vent, il fait presque bon et je peux savoureur en toute quiétude ces derniers kilomètres. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette île dont je ne soupçonnait pas tout à fait les beautés naturelles.


J’arrive donc un peu plus tard devant le monastère de Lluc, où l’on peut aussi louer des chambres. Le confort y est bien plus basique que le prix, mais le lieu est tout de même très beau, posé dans une étroite vallée entourée de roches aux formes curieuses et de montagnes aux profils assérés d’un côté et plus doux de l’autre. Cela vaut bien sans doute de passer une nuit au confort monastique (même si une télévision – il faut payer 20 € de plus pour s’en servir- trône sur le mur de ma « cellule »!) pour un prix plutôt élevé. Ceci dit les prix sont le seul bémol que je mettrai à cette découverte de Majorque: le tourisme est très important ici et Majorque est un peu devenu une colonie germanique, ce qui fait fortement grimper les tarifs! Randonneurs, ne vous attendez pas à trouver des prix comme ceux des chemins de Saint-Jacques espagnols. (même si la Pension Nadal à Soller offrait une prestation tout à fait conforme aux 25 € de la chambre). Je ne saurai en vouloir aux allemands de venir en nombre ici: c’est splendide, le soleil brille même en mars et c’est accueillant.
D’ailleurs, même si cette semaine (merci à ON RUNNING pour cette opportunité!) m’a permis un bel aperçu, je pense fortement revenir randonner ou pédaler ici, tant les possibilités semblent encore nombreuses.


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